SOMMAIRE |
-LA TIGE est fine (diamètre O. 6-0. 7 mm) et
éventuellement simple mais si les conditions sont bonnes elle se ramifie très
fréquemment: jusqu'à huit fois par mois ! On signalait des exemplaires à 6 ou
7 branches en Pologne. Le plus grand
plant
dont nous ayons connaissance comportait 7 à 8 branches et provenait de Lacanau.
Selon des statistiques récentes faites en Pologne encore par R. KAMINSKI le
nombre de ramifications varie entre 27 et 153/1OO plantes selon les endroits.
La longueur de ces branches se situe entre 15.9 et 26.1 cm en moyenne pour
des longueurs de tiges moyennes de 5.97 à 11.15 cm.
Les plus petites plantes mesuraient à peine 2.2 cm. Les plus grandes 28.6 cm.
Les premiers verticilles des ramifications sont atrophiques : ils ne comptent
que 5 ou 6 feuilles dotées de 3 ou 4 soies seulement et dont le piège ne se développe
pas.
Comme l'Aldrovandie croît d'un côté et meurt de l'autre les ramifications
finissent par se détacher et deviennent des plantes indépendantes. Ceci est un
mode de reproduction très important pour cette plante à la floraison et à la
germination capricieuses.
Il arrive que le rameau produise lui-même immédiatement une ramification
ce qui donne l'impression d'une tige trifurquée.
La longueur de la tige est fort variable. On vient de voir les chiffres pour
les populations polonaises actuelles. Il est dit de celles du siècle dernier
qu'elles ne dépassaient guère 1O cm. Les plantes italiennes allaient de 18 à
36 cm mais celles de Lacanau pouvaient dépasser les 6O cm. C'est qu'on
avait affaire là à une
variété
distincte caractérisée par la longueur des internoeuds : 14-16 mm au lieu
des 4-6 et tout au plus 8 mm mesurés ailleurs.
Dans les populations polonaises actuelles R. KAMINSKI a mesuré les données suivantes : nombre moyen de verticilles : 11.8-18.7 ; nombre moyen de feuilles/verticille : 7.4-8.5 ; nombre de soies : 4. 01-4. 44 ; longueur des feuilles : 6.3O-8.51 mm.
![]() |
-LES FEUILLES sont disposées en verticilles
alternes![]() Les feuilles immatures près du bourgeon apical forment un amas arrondi ou
piriforme - si la plante est en bonne santé - curieusement hérissé de pointes qui
sont les soies des
pétioles Les insertions des feuilles sont réunies entre elles par une
espèce |
Le
pétiole
est
cunéiforme
long de 5-6 et même 9 mm et large de 1-1. 5 ou 2mm. Son épiderme translucide
permet d'apercevoir d'étranges alvéoles qui sont en fait des chambres aériennes.
Ce dispositif a une importance considérable : c'est lui et lui seul qui permet
à l'Aldrovanda de flotter. Si l'on crève les chambres aériennes le
verticille détaché coule.
Et ce n'est pas là toute l'utilité du
pétiole.
Sa surface comparativement importante lui donne un rôle important
dans la photosynthèse c'est à dire la fabrication de sucres à partir
d'éléments aussi simples que le gaz carbonique et l'eau. Cette synthèse
est rendue possible par l' absorption de lumière solaire dans la molécule
de chlorophylle. Profitons-en pour dégager la différence entre l'alimentation
des animaux et de l'Homme et celle des plantes
carnivores
.
Les premiers vivent de 1a combustion et de la transformation de molécules
complexes élaborées par les végétaux. Ceux-ci y compris les plantes
carnivores
sont tous capables d'utiliser les molécules simples nommées plus haut et qui
leur fournissent le carbone l'hydrogène et l' oxygène des futures substances
organiques. Les autres éléments proviennent des minéraux du sol
et c'est précisément à la carence en ceux-ci que doit pallier 1a carnivorie.
On pourrait dire que celle-ci apporte de l'engrais foliaire plutôt que de la nourriture.
Le piège est la partie la plus intéressante de la
plante évidemment. Ses deux lobes écartés paraissent bien inoffensifs tellement
ils sont délicats et
diaphanes.
Mais gare à la proie qui y pénètre car la fermeture est incroyablement rapide.
![]() Fermeture du piège et digestion |
-LES STRUCTURES FLORALES : la floraison
n'aurait jamais été observée en culture et est assez irrégulière dans la nature.
Si comme le commun des mortels vous n'avez jamais vu cette fleur en voici la description :
Le
pédoncule La fleur est petite (8 mm de diamètre) d'un blanc verdâtre et
dressée (alors que le fruit est penduleux et mûrit sous l'eau).
Sépales elliptiques-oblongs à insertion 2/5. Le bord apical
cilié Pétales blanc verdâtre alternisépales. Oblongs-obovales. Long. 4-5 mm x 2. 5 mm larg. 2 à 4 nervures droites non-ramifiées ou à 1-2 branches. |
![]() |
Etamines
alternipétales hypogynes longues de 3-4 mm. Filet filiforme.
Anthères
jaunes réniformes-cordiformes à quatre compartiments attachés par le milieu de la base
se déhisceant au niveau des deux rainures longitudinales latérales.
Les verticilles portant une fleur montrent des anomalies des feuilles -
certaines constantes d'autres plus rares - qui seront détaillées ultérieurement.
Il n'y a plus qu'une seule
espèce
d'Aldrovanda et la morphologie est constante dans le monde entier.
Nous avons déjà mentionné la seule forme méritant sans doute le statut de
variété :
celle d'Aquitaine baptisée var. 'duriaei'par CASPARY 1858 p. 722.
La même morphologie se retrouvait près de Cracovie et à Snagov en Roumanie.
La grande différence par rapport à la forme typique réside dans la longueur des
feuilles des internoeuds et donc de la plante en sa globalité. Des mesures sur du
matériel d'herbier donnent les chiffres suivants :
Variété
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Longueur internoeuds |
Longueur plante |
Longueur feuille |
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De plus les
pétioles
des plantes de la var. duriaei portent un nombre réduit de soies du moins
pour celles d'Aquitaine : 4 ou 5 au lieu de 5-6.
On ignore le pourquoi de ces différences qui semblent liées au mi- lieu plutôt
qu'à des facteurs génétiques. Seules des expériences de transplantation croisée
contrôlée très difficiles à envisager pour cette plante pourraient résoudre le
problème
Au cours du temps elle s'est profondément modifiée dans ses structures
jusqu'à devenir une plante aquatique à part entière selon un processus étonnamment
proche de celui observé chez les Utriculaires. On y retrouve les mêmes chambres de
flottaison les mêmes glandes bifides et
quadrifides
la même absence de racines. Les structures vasculaires de la tige sont extrêmement
atrophiées beaucoup plus simples même que chez les Utriculaires. On les a comparées
à celles des Hydrillées vasculaires de la tige sont extrêmement atrophiées beaucoup
plus simples même que chez les Utriculaires. On les a comparées à celles des
Hydrillées plantes non-carnivores sans guère de parenté avec Aldrovanda.
On serait bien en peine de classer l'Aldrovandie s'il n'y avait les fleurs.
Celles-ci ne laissent aucun doute : Aldrovanda vesiculosa appartient à la
famille
des Droseracées avec les Droséras la
Dionée et Drosophyllum.
Les organes floraux d'Aldrovanda sont plus proches du type de base théorique
des Droseracées que ceux des trois autres
genres
.
Cela est un caractère primitif et lorsqu'on voit les énormes différences
anatomiques entre Aldrovanda et les autres Droseracées on ne
peut s'empêcher de postuler une longue évolution séparée de ces
espèces
.
Les données paléontologiques viennent-elles confirmer cette impression ?
Pour comprendre l'histoire d'Aldrovanda il faut la resituer dans l'évolution des plantes à fleurs en général. Celles-ci apparurent au Crétacé et étaient donc contemporaines des derniers Dinosaures. La géographie était fort différente alors de ce qu'elle est aujourd'hui. Au lieu d'un Ancien et d'un Nouveau Monde séparés par l'Atlantique et accompagnés des continents détachés que sont l'Australie et l' Antarctique on avait un bloc continental nord la Laurasie et un bloc méridional le Gondwana. Ces deux blocs étaient séparés par un océan parallèle à l'équateur la mer Thétys. Des fractures déjà anciennes (Jurassique supérieur) entre l'Australie et l'Antarctique et entre l'Afrique et l'Amérique du Sud annonçaient le morcellement des deux supercontinents morcellement qui débutera vraiment à la fin du Crétacé. | ![]() |
Vers cette même époque il y a 65 millions d'années une série d' impacts
de comètes détruisit selon un scénario proche sans doute de celui dit "de
l'hiver nucléaire" l'écologie de l'Ere secondaire. Les grands reptiles
périrent entraînant dans leur chute nombre d' autres
espèces.
C'est de l'époque suivante l'Eocène que datent les plus anciens fossiles de la
famille
des Droseracées. Il s'agit de simples grains de pollen qui ressemblent
à ceux des
genres
actuels mais rien ne vient nous renseigner sur la morphologie réelle des plantes
correspondantes !
Plusieurs trouvailles semblent correspondre à des Aldrovanda.
En Europe deux
espèces
croissaient dans le Sud de l'Angleterre et une en Saxe: Saxonipollis saxonicus.
En Asie on a retrouvé des pollens similaires à Pringarje près du Lac Baïkal :
Aldrovanda unica et A. kuprianovae. On vient de découvrir un pollen
australien de Droseracée d'égale antiquité morphologiquement proche de celui
de la Dionée ! Il appartient à une plante assez
mystérieuse baptisée Fischeripollis halensis.
On voit que les Aldrovanda occupaient déjà pratiquement l'aire actuelle.
D'autre part l'existence de deux
genres
de Droseracées dès cette époque confirme la divergence évolutive ancienne
postulée ci-dessus et qui a dû avoir lieu à l'époque des Dinosaures. Cela explique
aussi la présence des Droseracées sur tous les fragments actuels des
supercontinents archaïques la
famille
étant apparue avant leur morcellement.
Arrêtons-nous un moment à la formidable étape évolutive marquée par deux des
genres
laurasiens :
le développement d'un piège à fermeture ultrarapide. Alors que les
espèces
gondwanes restent conformes au type de base doté de tentacules glandulaires
certaines Droseracées septentrionales vont améliorer les mouvements de la lame
foliaire elle-même. Il en résultera des pièges capables de se refermer rapidement :
la transmission chimique du message de capture est remplacée par une
transmission électrique beaucoup plus rapide non pas comme chez les
Droséras seulement dans les tentacules mais dans toute
la feuille. Les tentacules vont alors perdre leur glande apicale et devenir des
poils sensoriels.
Outre ces mécanismes d'autres données suggèrent la parenté d'Aldrovanda
et de la Dionée. La morphologie des pièges est
similaire et les feuilles d'hiver de la Dionée portent
sur le
pétiole
des dentelures distales qui pourraient bien être des vestiges de soies. En
outre les nombres chromosomiques des deux
espèces
sont des multiples de 8 : 2n = 48 pour Aldrovanda 2n = 32 pour
Dionaea
Reste à expliquer la présence de Fischeripollis halensis en
Australie éocène. Ce continent n'a jamais eu beaucoup de rapports avec l'Asie aux
époques anciennes : il en était séparé par l'Océan thétysien. La présence des trois
espèces
relictes des Droseracées (Aldrovanda Dionaea
Drosophyllum) dans l'hémisphère Nord nous semble
indiquer que celui-ci était une pépinière évolutive pour cette
famille
.
Un des membres ayant gagné l'Amérique du Sud puis l'Antarctique put rejoindre
l'Australie via ce continent qui n'avait pas encore dérivé vers la nuit polaire.
Les ancêtres des Marsupiaux actuels en firent d'ailleurs de même. Ce passage
n'a guère pu se faire que pendant une des phases chaudes de l'Eocène car le
froid l'aurait empêché au Crétacé. La présence d'une Droseracée
Fischeripollis halensis en Australie à l'Eocène est tout à fait
compatible avec cette hypothèse.
Ce qui étonne un peu c'est la ressemblance de ce pollen avec celui de
Dionaea ! Répétons-le nous ignorons tout de
l'aspect de Fischeripollis en qui il faut voir un ancêtre des
Droséras pas encore fort différent de la
Dionée. Il se peut aussi que cette dernière ayant
moins évolué ait conservé le type pollinique ancestral.
Alors qu'en Nouvelle-Zélande apparaît le premier vrai pollen de
Droséra (Droserapollis) au début du Miocène
l'Europe contemporaine ne livre qu'une forme de Fischeripollis F. krutschei
de Saxe d'affinités inconnues.
Les quatre glaciations du Quaternaire vont alors dévaster l'hémisphère Nord.
A chaque interglaciaire les terres libérées par les glaces sont recolonisées par des
espèces
en nombre chaque fois décroissant. Combien
d'espèces
de Droseracées ont-elles ainsi disparu dont nous ne savons rien ?
En Amérique du Nord seule Dionaea muscipula a survécu.
Etant bien entendu que ses Droséras ne sont pas
autochtones l'Europe ne révèle plus que Drosophyllum
mais aussi Aldrovanda. Des nombreuses
espèces
éocènes il n'en reste plus qu'une : A. vesiculosa. Comment a-t-elle pu
survivre aux glaciations? Les régions les plus méridionales d'Europe et de
l'U.R.S.S. asiatique ont dû servir de refuge à cette
espèce
comme à d'autres végétaux connus par des fossiles du Tertiaire et qui
croissent encore dans le delta de la Volga par exemple.
On peut citer en particulier Salvinia natans (L. ) All. Trapa natans
L. Nelumbium caspicum Fisch. auxquels il faut ajouter
Vallisneria spiralis L.. D'autres fleuves d'U. R. S. S. sont aussi des sites
connus pour comporter des
espèces
relictes.
Pendant les glaciations les hivers devaient être extrêmement rudes dans ces
régions. Pour survivre Aldrovanda a dû acquérir la faculté de former des
bourgeons d'hiver très compacts capables de résister à la congélation même.
Le fait qu'Aldrovanda ait développé semblable mécanisme prouve
d'ailleurs sa persistance dans des régions aux hivers rudes et pas seulement
en Afrique et en Australie autres régions où il existe actuellement. A chaque
glaciation correspondait aux latitudes tropicales et subtropicales un Pluvial
et ce qui est actuellement vastes déserts était en ce temps-là couvert de lacs
et de marécages.
Les populations australiennes ont dû rejoindre ce continent à la faveur
de l'abaissement du niveau des mers contemporain des glaciations. Le plateau
continental qui sépare Java Bornéo Sumatra la Malaisie d'une part l'Australie et
la Nouvelle-Guinée de l'autre était alors exondé et se couvrait de
forêts traversées par des fleuves dont le tracé est encore repérable à l'heure
actuelle sous la mer. Le passage était donc facile pour l'Aldrovandie...
A chaque interglaciaire Aldrovanda partait à la reconquête des
terres dégelées. Des graines d'A. vesiculosa et d'une autre
espèce
A. Eleonore ont effectivement été trouvées dans les sédiments
interglaciaires. Elles étaient accompagnées de celles d'autres végétaux
aquatiques dont des plantes relictes du Tertiaire par exemple en Pologne :
Trapa natans L. Stratiotes aloides L. Caldesia parnassifolia Parl.
Mais chaque glaciation avait raison de certaines
espèces :
cela explique la grande monotonie des flores de l'hémisphère Nord.
Dans le cas d'Aldrovanda seule
l'espèce
'vesiculosa' existe encore à l'heure actuelle même en Afrique où les
sécheresses interpluviales ont éradiqué les autres
espèces
ayant pu exister.
A la fin de la dernière glaciation il y a seulement 10.000 ans Aldrovanda
a profité de la phase climatique chaude et humide dite atlantique pour reconquérir
son aire habituelle. Le refroidissement et la baisse de pluviosité ultérieurs ont
provoqué le morcellement de cette zone jusqu'à son état actuel.
S'y ajoutent les activités humaines de pollution et d'assèchement des marécages :
Aldrovanda vesiculosa est menacé d'extinction et nombre de sites géographiques
du siècle dernier n'existent déjà plus.
L'Afrique envahie par les déserts en cette période interglaciaire recèle
encore quelques sites où Aldrovanda a pu se maintenir. Toutes ces régions
étaient verdoyantes il y a 10.000 ans. Elles le redeviendront au cours des
phases glaciaires à venir que les calculs astronomiques de MILANKOVIC prévoient
pour dans 5.000 25.000 et 60.000 ans respectivement et dont l'intensité ira croissante.
FRANCE : Aldrovanda y a été décrite dans deux régions
l'Aquitaine et la Provence.
ITALIE : les sites étaient nombreux au siècle dernier.
Lucca : Lac de Sibolla près d'Altopascio.
Gascina. Ces trois sites toujours existants.
Sauf indication contraire la présence d'Aldrovanda dans tous ces sites
est très problématique actuellement.
R. F. A. : dans le Lac de Constance près de Lindau et près de
Meersberg (introduction artificielle en 19O4).
AUTRICHE: existait naguère dans un petit bassin du marais touchant le Laapsee (Lac de Constance près de Fussach).
Détruit par inondations.
SUISSE: introduit artificiellement près de Mettmenhaslisse
dans le Canton de Zürich. Y existe encore.
R. D. A. : près de Rheinsberg et dans le Paarsteiner See près
d'Angermunde. Aussi dans le Grosser Plagesee près de Chorin.
POLOGNE :
à l'heure actuelle sur 74 sites probables R. KAMINSKI de Wroclaw en a visité
41 dont 11 comptaient encore des populations importantes d'Aldrovanda les densités
moyennes oscillant entre O.l2 et 341 pl./m2 (données inédites aimablement
communiquées par J. HALDI).
U. R. S. S. :
Entre Lahishin et Pinsk dans les fossés séparant les champs.
Dans les nombreux méandres de la rivière Pina.
Dans un canal entre Pinsk et le village d'Horno.
Abondant dans le fossé nommé Siniuga autour d'Horno. Vilnius. Au Sud de Pinsk près de Dombrowice. Petite rivière près de Swaricewicze. Aussi Zitkowice Pererov et près de Grodno ?
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du Danube : Izmail |
du Dniepr : Chorson | |
de la Wolga : Astrakhan (et lac Kolyshnyi) |
TCHECOSLOVAQUIE : lac Zelené jazero au Nord-Ouest de Kràlovsky
Chlmec près de Vojka qui est un méandre du fleuve fossile Tica. Abondance
d'Aldrovanda en 1960.
HONGRIE : des cinq sites du XIXe siècle il n'en reste plus qu'un : Balàta to près de Somogy.
Sites anciens : |
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YOUGOSLAVIE : à Makis près de Belgrade à Kupinovo et à Monostorszeg.
ROUMANIE :
BULGARIE : marais de Dragoman (au N. O. de Sofia).
U. R. S. S. :
JAPON : sur l'île d'Honshu:
INDE : Bengale partout dans la région de Calcutta dans les marais
"saltpans". Près de Mutlah.
L'espèce
n'est pas signalée au Cachemire et dans l'Himalaya.
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McMinns Lagoon (à Est-Sud-Est de Darwin) |
Leach Lagoon (au Sud de Katherine) |
GHANA : trois sites dont: à 15 miles au Nord de Kete Krachi dans
la Volta et Dabala.
TCHAD : quatre observations dont la mare Am Duna au Sud d'El
Ogna flottant avec Nymphaea lotus et N. rufescens (1968) ; Kaba VII
dans les eaux libres du Mandoul (1968) ; Daye en eau profonde (1962).
SOUDAN : Bahr el-Ghazal (1869) et Bahr el-Djebel (19O2).
CAMEROUN : Douseye dans un marigot du Lac de Fianga profondeur de
l'eau: 1 m. (1968).
TANZANIE
ZAMBIE
MOZAMBIQUE : site inconnu peut-être les marais de Chobe.
BOTSWANA : marais de l'Okavango où il n'y a plus eu de
collection récente.
Sa distribution géographique trahit le caractère de plante tropicale de
l'Aldrovandie qui dans l'hémisphère Nord est un vestige d' une époque plus
chaude comme nous l'avons décrit. Le facteur limitant principal de son extension
semble être la température de l' eau qui doit se situer entre 20 et 3O° C.
Ceci est confirmé par ceux qui ont pu la cultiver: entre 21 et 26° ou 25 à 3O° pour
obtenir la floraison sans que la t° ne ou 25 à 30° pour obtenir la floraison sans
que la t° ne puisse dépasser les 32°C.
Mais à cette température la croissance se fait avec une rapidité effrayante:
d'après les données chiffrées reprises ailleurs dans cet article on calcule que la
totalité des verticilles est renouvelée en trois ou quatre semaines ! Pour permettre
cela il faut que le biotope fournisse une très grande quantité d'éléments ce qui
n'est pas le cas de toutes les eaux et de tous les étangs. Entrent en compte les
concentrations en sels et l'abondance des débris organiques ainsi que des infusoires
qui sont la nourriture des proies de l'Aldrovandie elle-même.
L'étude récente et inédite de R. KAMINSKI 1984 a quelque peu précisé ces
données. L'auteur a déterminé les concentrations salines des eaux à Aldrovanda
en Pologne puis a fait quelques expériences de culture. Il lui semble qu'il y a une
corrélation entre les quantités d'ions et la longueur des plantes ainsi que
le nombre de verticilles.
CONCENTRATIONS IONIQUES EXTREMES (sur 11 sites) : mg/l
K+ | 1.77 - 5.63 | NO3- | 0.007 - 1.63 |
Ca++ | 7.77 - 85.62 | PO4--- | 0.0049 - 0.09 |
Mg++ | 1.73 - 15.03 | SO4-- | 10.07 - 41.49 |
Na++ | 6.90 - 16.17 | Cl- | 2.07 - 17.9 |
NH4+ | 0.50 - 2.08 |
Noter la pauvreté de l'eau en azote et en phosphore. La plupart des sols où
croissent les plantes
carnivores
ont cette caractéristique et c'est précisément à cela que la carnivorie doit pallier.
Cette même étude a confirmé l'importance d'une autre contrainte qui distingue
Aldrovanda de toutes les autres plantes
carnivores :
son association obligatoire avec d'autres végétaux aquatiques ou à moitié immergés.
Voici les longueurs atteintes après trois semaines par des plantes mesurant 3O mm au
départ et associées à divers végétaux :
Deux semaines plus tard les plantes-contrôle étaient mortes.
Les raisons de cette contrainte sont encore obscures. Les auteurs
anciens pensaient que les plantes protégeaient l'Aldrovandie contre l'excès
de lumière ou contre le vent qui ayant prise sur les soies qui dépassent
légèrement de la surface de l'eau tend à accumuler les plantes
dans les parties des étangs où l'air est le plus tranquille.
Cependant l'ombre profonde entre les roseaux n'est pas favorable
à la croissance d'Aldrovanda et les plantes sont plus nombreuses
aux bords des chenaux où il y a le plus de lumière ou bien là où les roseaux
ont été coupés.
On a pu observer que dans certaines mares les Aldrovandies ne
fleurissent - et ne se plaisent donc totalement- qu'aux endroits encombrés de
Phragmites. Ceci rejoint une observation récente faite au Lac Vert près de
Vojka (Tchécoslovaquie).
Le lac est presqu'entièrement couvert de Typha angustifolia et d'autres
plantes. Des lacunes de 3 à 5 m de diamètre sont couvertes de Stratiotes
aloides. La rive comporte une bande de Typha accompagnés soit de
Magnocaricetum soit de Parvocaricetum. Aldrovanda
est une des plantes les plus répandues de la partie la moins profonde
du lac celle qui est encombrée de végétation. Il est plus rare dans la partie
Nord profonde et ouverte mais ce n'est pas la profondeur qui
compte mais la présence ou l'absence de végétation. Là où celle-ci est
présente on trouve aussi l'Aldrovandie que la profondeur soit de 10-20 cm
ou de 100-130 cm. La plante utilise chaque endroit libre et ne semble guère
entrer dans des associations fixes et bien définies avec les autres végétaux.
L'épicentre de la distribution d'Aldrovanda est la zone à
Typha où les conditions semblent être les meilleures. Aldrovanda
y forme une couche continue de plantes bien développées et longues
de 7 à 11 et même 14 cm (contre moins de 6 cm en eau libre). La majorité des
plantes en bonne santé fleurissent mais pas celles de la partie Nord du lac.
Celles des zones à Magnocaricetum de qualité intermédiaire produisent
de rares petites fleurs cleistogames.
L'idée a été émise récemment que c'est la libération
d'acides
organiques (par les racines ? par la décomposition des vieilles feuilles ?)
qui est importante. L'étude de R. KAMINSKI montre que ces
acides
forment la fraction dominante du contenu organique de l'eau (1.64-5.79 des
1.87-6.33 mg/l totaux). Le rôle de ces substances est encore inconnu.
Agissent-elles par simple abaissement du
pH
(acidité) de l'eau le
pH
le plus
acide
donnant la meilleure croissance. Ou sont-ce des facteurs de croissance ?
Interviennent-elles dans les cycles biologiques des marais p. ex.
comme nourriture pour des micro-organismes à la base des chaînes alimentaires ?
Inhibent-elles la croissance des algues bleues et vertes qui en culture du moins
sont de redoutables concurrentes d'Aldrovanda ? On ne sera pas étonné
d'apprendre que le
pH
des eaux est
acide
variant entre 5.6 et 6.6 en Pologne ce qui confirme la valeur de 6.5 donnée par
MAZRIMAS 1978.
Les eaux riches qui conviennent à Aldrovanda peuvent être des fossés
les chenaux et les dépressions marécageuses de landes mais aussi des lagunes
salées (Calcutta) les eaux stagnantes de douves médiévales (Legnano)
exceptionnellement des rivières lentes et méandreuses ou de
vieux canaux (Russie Volta) et même des flaques s'asséchant une partie de
l'année (Lacanau).
Et encore peut-on trouver l'Aldrovandie cantonnée dans un tout petit coin
du pourtour d'un étang. Dans d'autres cas elle peut véritablement couvrir la surface
d'un plan d'eau. Le problème est qu'on ne peut toujours distinguer facilement pourquoi
tel site convient et non tel autre et les expériences de transplantation dans des étangs
voisins de ceux où croît la plante que leur fond soit tourbeux ou caillouteux débouchent
souvent sur un échec sans parler des expériences de culture généralement désastreuses...
TABLEAU DES PLANTES ACCOMPAGNANT ALDROVANDA
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Références : COHN 185O ; HAUSLEUTNER 1851 ; CHATIN 1858 ; CASPARY 1859 ;
de LASSUS 1861; BERTA 1961.
La teneur en minéraux n'est pas le facteur décisif ni -l'étude de R. KAMINSKI
l'a encore prouvé - le
pH:
les taux de croissance à
pH
6.2 avec Carex d'une part sur milieu minéral de l'autre varient du simple au
double ! La survie en milieu minéral est de l'ordre de quelques semaines.
L'association avec d'autres plantes paraît indispensable (en dépit d'échos divergents.
L'utilisation d'eau provenant d'un vieux marais eau qui est chargée en
substances organiques serait également favorable. Tout cela donne à penser
qu'un ou plusieurs facteurs de croissance non-encore identifiés sont la clé
du problème.
Venons-en aux principales techniques de culture décrites jusqu'à présent.
Ils utilisent des étangs de jardin aussi grands que possible ou des
récipients en terre (pas en verre ou en métal) ou en ciment encastrés
dans le sol (attention au ciment alcalin ! ).
Préparation :
Culture :
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si l'eau noircit |
si les algues prolifèrent | |
si le bourgeon apical des Aldrovanda s'appauvrit : |
il faut renouveler le système...
Le plein soleil n'est pas envisageable ici : même de grands récipients
s'échaufferont trop vite ce qui accélérera la croissance d'Aldrovanda
au-delà des possibilités du système. Les algues moins exigeantes ne tarderont
pas à avoir le dessus.
Il faudra donc se résoudre à bien ombrer: 50% de soleil pénombre ou culture sous
Tubes luminescents.
Inutile de dire que la croissance ne sera pas optimale dans ces conditions et
qu'on obtiendra des plantes plus ou moins étiolées.
Comment peut-on combattre les algues ? La plupart des algicides et
particulièrement le cuivre seraient également toxiques pour l' Aldrovandie sauf
peut-être l'ACUREL°. L'alun recommandé parfois serait inefficace. On peut essayer
les escargots. Si des algues apparaissent en petites quantités
il faudra les saisir avec une pince ou passer une feuille de papier journal
sur la surface de l'eau. Il est à craindre cependant que les algues seront emmêlées
dans les tiges d'Aldrovanda et il sera difficile de les enlever toutes.
Notez qu'en maintenant un
pH
bien
acide
(4.5 - 5.5 au lieu des 6.5 habituels ) la croissance des algues devrait être inhibée
alors que celle d'Aldrovanda est excellente à ces valeurs. On le vérifiera
à l'aide des chiffres donnés par R. KAMINSKI.
Si l'on réduit la luminosité il est sans doute sage d'éviter les températures
trop élevées. L'idéal serait ± 23°.
Préparation de l'eau :
Faire pousser des plantes aquatiques dans le même récipient ou y ajouter
régulièrement des tiges végétales séchées mais éviter d' utiliser des acidificateurs
chimiques sans doute trop brutaux. Si le
pH
s'altère remplacer 2/3 de l'eau par de la solution fraîche.
La nourriture vivante serait importante : Daphnies ou microvers mais attention à
l'excès qui gâte l'eau; jeunes Guppies le sel pouvant être bénéfique en inhibant la
prolifération des algues d'eau douce je suppose ?
L'hibernation est un moment dangereux et il vaut mieux l'éviter sans doute surtout
que les Aldrovanda du commerce proviennent du Japon et sont habituées à un climat
subtropical. Si l'on veut induire l'hibernation placer le récipient à 8° et
à la lumière cette dernière pouvant être favorable jusqu'à la mi-Décembre mais pas plus
tard.
Une remarque encore sur le transport des Aldrovanda : il vaut mieux les
expédier emballées dans des feuilles ou dans de la mousse
(Sphagnum)
que dans des récipients remplis d'eau .
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