Tout amateur de botanique ou d'horticulture qu'anime la passion des plantes cherche constamment à élargir le champ de ses connaissances de ses observations de ses expériences et essais d'acclimatation. Cette quête permanente dans l'immense terrain de découvertes qu'est la nature permet hors des sentiers battus de rencontrer telle ou telle espèce insolite de la flore indigène ou de la flore exotique. Au cours de ces investigations dans le monde végétal on ne peut manquer d'en découvrir certain jour faste l'un de ses aspects les plus curieux : les plantes carnivores.
Ou bien encore et cette fois-ci en pleine cité une surprise attend le passant contemplant un étalage de fleuriste des Dionées ouvrent leurs mâchoires cramoisies et d'obèses Sarracénias cachent sous leur allure débonnaire le piège fatal de leurs puits ténébreux. ll faudrait être bien indifférent aux choses de la nature pour que ces rencontres inopinées ne retiennent quelque peu l'attention. Et ce qui au début n'est qu'un mouvement de curiosité peut devenir une véritable fascination. |
Nous retrouvons devant ces plantes le sentiment d'émerveillement qui saisissait par exemple les découvreurs de la Dionée il y a deux siècles. Nous faisons nôtres leurs narrations enthousiastes n'en déplaise aux froids esprits positivistes.
Sans aucunement vouloir "privilégier" les plantes carnivores par rapport à tant d'autres que nous admirons que nous aimons observer cultiver on doit leur reconnaître des "mérites" particuliers : adaptation à des milieux plutôt défavorables convergence de formes et de procédés de capture subtilité des relations qu'entretiennent avec l'insecte ces "producteurs-consommateurs" rebelles à l'insertion dans une chaîne alimentaire ! Mais d'emblée elles séduisent par leur étrangeté leur beauté.
Alors laissons-nous attirer succomber au charme et - que le lecteur me pardonne cette trop facile métaphore - devenir à notre tour la proie des plantes carnivores.
Pierre Sibille
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