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Les Droséras Pygmées sont communément appelés plantes
carnivores
mais sont plus précisément des plantes
insectivores
.
Les principales proies de ce groupe de plantes sont de petits insectes, particulièrement
des moustiques et des moucherons. Exceptionnellement, il a été observé dans la nature
la capture de petits papillons de nuit ou d'insectes relativement gros.
Une observation précise révèle que plusieurs feuilles contribuent à la capture des proies
les plus grosses. Dans ce cas chaque feuille absorbe la partie de l'insecte à sa portée.
Le terme Droséra Pygmée est le nom commun à tout ce groupe de plantes
insectivores.
Toutes les
espèces
proviennent de la région sud-ouest de l'Australie.
Drosera pygmaea est la seule
espèce
de Droséras pygmées dont l'aire de répartition s'étende au delà de l'Australie de
l'ouest. Cette
espèce
s'étend jusque dans les provinces orientales australiennes et même jusqu'en Nouvelle Zélande.
Bien que le terme pygmée évoque à priori des plantes minuscules, cette idée est parfois assez éloignée de la réalité. La plus petite espèce ![]() ![]() |
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En été, alors que la plupart des Droséras Pygmées est en dormance, le bourgeon de
stipules abritant les feuilles juvéniles est capable de survivre au chaud et sec été. La
température au ras du sol, en été, dans les biotopes où poussent ces Droséras, est très
élevée. Elle peut être si chaude qu'un oeuf y cuit facilement. Le petit bourgeon central
de brillants stipules blancs protège la plante dormante en reflètant en partie la chaleur.
Le bourgeon dormant est habituellement maintenu au dessus du sol par les racines de
la saison précédante. Bien que ces racines exposées aient l'air mortes et desséchées, elles
sont toujours vivantes et pénètrent profondément dans le sol. Les racines
des Droséras Pygmées sont fines mais résistantes. Lorsque les pluies reviennent en automne,
de nouvelles racines se développent et remplacent les vieilles pour ancrer la plante dans
le sol.
La reproduction asséxuée par
gemmae,
la présence de tels stipules capables de projeter les
gemmae
autant que de protéger les feuilles juvéniles, sont deux adaptations des Droséras Pygmées à
leur habitat.
Dormance
La saison d'été (Décembre-Février) en Australie de l'Ouest est chaude et aride, avec
occasionnellement quelques orages. C'est dans cet environnement que les Droséras Pygmées ont
évolué.
Les
espèces
de Droséras Pygmées poussant dans des biotopes s'assèchant l'été ont la capacité de
former des bourgeons dormants. Dès que les feuilles de la saison précédente se sont
flétries, un bourgeon très serré se forme au coeur de la plante. Ce bourgeon est formé de
longs stipules (une des caractéristiques des Droséras Pygmées) fortement pressés les uns
contre les autres. Ces bourgeons de couleur blanc argenté reflètent les rayons brulants
du soleil. Ceci permet la survie de la plante.
Le bourgeon dormant repose chez de nombreuses
espèces
sur un coussin formé par les anciennes feuilles et stipules desséchés.
Dans certains cas, les anciennes feuilles n'existent plus mais le bourgeon est maintenu
au-dessus du sol par un "pilotis" formé par les anciennes racines. Ces deux adaptations
isolent le bourgeon du sol. La surface du sol en été est extrèmement chaude et ceci assure
la survie de la plante dans des conditions torrides.
La période de dormance chez les Droséras Pygmées ne peut être arrêtée par la pluie
uniquement. Une réduction sensible des températures est nécessaire pour que la croissance
reprenne. Les Droséras Pygmées reprennent leur croissance en automne lorsque les températures
nocturnes descendent très bas. L'humidité nécessaire à la pousse provient à cette saison
des abondantes rosées matinales. Les premiers jours d'automne en Australie de l'ouest ne
sont pas toujours pluvieux, la pluie n'arrivant parfois que plus tard.
Une fois que les premières feuilles ont apparu et que de nouvelles racines ont pénétré
dans le sol, un phénomène particulier apparaît. Des
gemmae
se developpent a l'extrémité de
pétioles
embryonnaires au coeur du groupe de stipules. Ces
gemmae
se forment à la place des feuilles pièges habituelles. Au fur et à mesure de la formation
de la grappe de
gemmae
,
les stipules se trouvent pliés, écartés vers l'extérieur. Un grouppe serré de
gemmae
apparaît au centre de la
rosette
quelques semaines plus tard.
Dans les semaines qui suivent d'autres
gemmae
sont produites à un rythme assez rapide au coeur dela plante. Le bourgeon de stipules
s'écarte les laissant apparaitre. Au fur et à mesure de la production les premières
gemmae
mûrissent. Les stipules aplatis et pliés sont maintenus sous une tension considérable
et pressent fortement contre la grappe de
gemmae
.
Lorsque la majorité des
gemmae
a atteint la maturité cette structure est capable de les disperser violemment.
Les premières pluies bénéfiques surviennent habituellement en automne entre Mars et Mai.
La grappe serrée de
gemmae
mûres est alors fortement sous la pression des stipules et prête à "exploser". Une goutte
de pluie bien placée est tout ce qu'il faut pour déclencher l'expulsion des
propagules
.
Dès qu'une goutte d'eau percute la grappe, il s'ensuit une réaction en chaîne. Les
gemmae
sont projetées par les stipules. Elles s'envolent en toutes directions, atterrissant
parfois jusqu'à deux mètres de la plante mère. Lorsque les
gemmae
ont été dispersées certaines
espèces
remplissent le cratère laissé au coeur de la plante par une nouvelle production de
propagules
,
assurant ainsi une plus grande dispersion de
l'espèce
.
Une fois la production de
gemmae
terminée, un nouveau groupe de stipules est produit au centre de la
rosette
.
En quelques semaines, un amas serré de stipules aura pris la place laissée vide par la
grappe de
gemmae
.
Au fur et à mesure de sa formation, il évacue vers l'extérieur d'éventuelles
propagules
encore en place. Certaines de ces
gemmae
se retrouveront au pied de la plante mère et entreront en compétition avec celle-ci dès
qu'elles germeront. Beaucoup resteront empêtrées dans les stipules, sècheront et mourront
avant d'être lavées par la pluie. Les
gemmae
sont des
propagules
assexuées qui jouent le même rôle que des graines (N.D.T.: à noter que les
gemmae
produisent des
clones
exactement identiques à la plante mère, alors que les graines sont le fruit d'une
recombinaison génétique ayant lieu lors de la pollinisation). Chacune contient un embryon et
des réserves énergétiques. L'identification des différentes
espèces
de Droséras Pygmées peut se faire d'après la forme spécifique et propre des
gemmae
.
(voir page spéciale)
Croissance
Une fois la production de
gemmae
terminée et le nouveau coeur de stipules formé la pousse de feuilles reprend. Chez de
nombreuses
espèces
,
aucune feuille n'apparaît pendant la formation des
gemmae
.
Une grosse et robuste
rosette
de feuilles est alors formée entre la fin de l'automne et la fin de l'hiver (Juin-Août).
C'est à cette période que de nombreux insectes sont capturés et que la plante emmagasine le
maximum d'énergie avant floraison.
Il apparaît que chaque feuille n'est capable de capturer qu'un nombre limité de proies
après quoi elle devient sans utilité pour la plante. Les feuilles épuisées se recourbent
souvent jusqu'au sol leur place étant aussitôt prise par une nouvelle feuille.
Ces jeunes feuilles sont produites au pied du groupe de stipules. Pour chaque feuille qui se
déroule, une stipule située à la base du
pétiole
sur la face supérieure se rajoute au bourgeon central. Les glandes collantes du pourtour
de la feuille sont chez beaucoup
d'espèces
au bout de
pédoncules
plus longs que la feuille elle-même. Lorsqu'un insecte est capturé par
la goutte collante d'une de ces glandes, son
pédoncule
se courbe, ramenant l'insecte au centre de la feuille. Là de petites glandes digestives
dissolvent les protéines du corps de la proie et absorbent la solution qui en résulte.
Au bout de quelques jours de digestion, tout ce qui reste de l'insecte est la carapace
chitineuse. Les tentacules se remettent en position et les restes de l'insecte seront
lavés par la pluie. La feuille est maintenant prête pour une autre capture. Quelques
espèces
ont la faculté de pouvoir enrouler le
limbe
des feuilles autour des proies, exactement comme les doigts d'une main. Cette étreinte
permet aux glandes digestives d'agir sur une plus grande surface du corps de l'insecte.
Pendant que les feuilles se forment et capturent leurs proies, sous la surface du sol
la plante produit de nombreuses racines neuves. Chez les
espèces
érigées, par exemple Drosera scorpioides ou
Drosera barbigera, des racines aériennes sont produites
juste sous la
rosette
de feuilles. Les racines des Droséras Pygmées pénètrent profondément dans le sol et
servent non seulement à fixer la plante mais aussi à chercher l'humidité.
Avec ces racines profondes, la précieuse humidité peut être absorbée même si la surface
du sol semble souvent complètement sèche.
Floraison
La floraison commence généralement à la fin de l'hiver ou au début du printemps
(Septembre-Novembre). De petits groupes de bourgeons floraux émergent des stipules, souvent
latéralement, mais parfois à la base des stipules. Il faudra environ un mois avant que
la tige florale n'atteigne sa maturité et que la première fleur ne s'ouvre. Chaque jour,
une nouvelle fleur s'ouvrira et dans la majorité des cas se fermera définitivement le soir
même, qu'elle ait été pollinisée ou non. Quelques
espèces
gardent leurs fleurs ouvertes pendant une période pouvant durer trois jours. Ces fleurs-ci
restent ouvertes même pendant la nuit. Tous les Droséras Pygmées ont des fleurs agréablement
parfumées, sans aucun doute pour attirer les insectes pollinisateurs, parfois aussi
futures proies.
La durée de floraison dépend du nombre de fleurs produites. Vingt fleurs cependant ne
signifie pas obligatoirement vingt jours de floraison. Tous les Droséras Pygmées ont la
possibilité d'étaler leur floraison. En cas de temps couvert et sombre par exemple,
les fleurs resteront fermées pour ne s'ouvrir que lorsque le soleil reviendra. Certaines
espèces
de Droséras Pygmées offrent des fleurs plus grandes que la plante qui les porte.
Drosera sewelliae est une de ces
espèces
à fleur particulièrement grande. Dans certains cas la fleur peut être deux fois plus
grosse que la
rosette
de feuilles. Il faut noter que dans bien des cas, surtout lorsqu'il s'agit
d'espèces
formant une
rosette
prostrée
sur le sol, la
rosette
de feuille diminue de taille pendant la floraison. Ces
espèces
emploient toute leur énergie pour la floraison plutôt que pour produire des feuilles
robustes et grandes. La
rosette
d'hiver de ces
espèces
est dans bien des cas jusqu'à trois fois plus grosse que pendant la floraison. Les
Droséras Pygmées produisent certaines des fleurs les plus spectaculairement colorées de
toute la
famille
des Droséracées. Presque toutes leurs fleurs présentent des refflets opalescent sur les
pétales. Lorsque le soleil éclaire la fleur selon un angle adéquat, la lumière est
reflétée en nuances dorées ou argentées. Cette apparence métallique alliée aux couleurs rose,
orange, blanc et jaune, confère à ces fleurs une exeptionnelle beauté.
Production de graines
La surface du
stigmate
de nombreux Droséras Pygmées peut être comparée à de la fixation VELCRO.
Elle apparait au microscope comme un enchevêtrement serré de fils (N.D.T. : Allen Lowrie
fait ici allusion à du "tricot"). Les grains de pollen sont de forme sphérique, parsemés
de nombreuses aspérités en forme de crochets. Lorsqu'un grain de pollen vient
en contact avec la surface du
stigmate
,
ses nombreuses aspérités s'emmêlent dans les mailles et il y reste prisonnier.
Drosera nitidula subsp nitidula a la
surface du
stigmate
parsemé de structures semblables à de petits volcans. Chez cette
espèce
le pollen se fixe vraissembleblement grâce à un liquide collant produit par
les minuscules cratères du
stigmate
.
A l'intérieur de
l'ovaire
de la fleur se trouvent les ovules des graines non fécondées immatures.
Il est curieux que ces ovules ont déjà la taille définitive avant pollinisation et qu'ils
ne grossissent pas une fois fécondés. Les graines sont mûres très rapidement après la
pollinisation. Dans bien des cas les graines restent dans leurs
capsules
au bout de la tige florale desséchée pendant toute la dormance de la plante. Ce n'est qu'au
début de l'automne suivant lorsque la tige florale se décompose que les graines sont libérées.
Nul doute que cette adaptation garde les graines à distance du sol brûlant pendant l'été
torride.
Chez ces
espèces
passant l'été dans un biotope où l'été très sec survient brutalement les plantes
se réduisent à un simple bourgeon de stipules après que la dernière fleur soit fanée. Pour les
espèces
de marais ou celles poussant dans un sol retenant longtemps l'humidité, la pousse continuera
tant que les conditions d'humidité seront favorables.
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