Lorsque qu'une vieille passion pour les timbres-poste croise une passion non moins
dévorante pour les plantes
carnivores,
il est fatal qu'elles finissent un jour par s'unir sous la forme d'une collection thématique
de timbres sur les plantes
carnivores
.
Ma collection thématique n'a vraiment débuté que depuis trois ans environ, profitant
de l'expérience acquise par 25 ans de collection de timbres et l'utilisation d'un réseau
de relations dans ce domaine particulier.
La carence en informations sur le sujet est quasiment totale si je m'en réfère à la
bibliographie existante sur le sujet. A ma connaissance un seul article sérieux bien
que lacunaire a été écrit sur ce thème par W. Diester (Das Taublatt n°92-1).
Les autres références se contentent d'informer de la parution d'un timbre illustrant une de
nos chères plantes. Le présent article qui ne prétend en aucune manière à l'exhaustivité
constituera donc un complément utile à ceux que le sujet intéresse ou qui
souhaitent se lancer dans une telle collection.
Au premier abord j'ai été surpris par le faible nombre de timbres se rapportant à ce
thème de par le monde et l'absence de timbres anciens. J'ai pu recenser à ce jour (septembre
1996) 49 timbres différents dont seuls 32 présentent une illustration différente.
Le plus ancien a été émis par la France en 1962 pour notre territoire de St Pierre et Miquelon ce qui est très tardif. Pour mémoire le premier timbre paru dans le monde a été émis par la Grande Bretagne le 1er mai 1840 (1er janv. 1849 pour la France) et le 1er timbre dont le sujet principal soit une plante a été émis en 1897. |
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La liste des administrations postales émettrices (18) ne surprend pas, chacun de ces
pays abritant des plantes
carnivores
ou les défendant dans le cas des Nations Unies. Il est en effet fréquent en philatélie de
voir des pays illustrer des sujets leur étant totalement étrangers.
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Le cas s'est d'ailleurs présenté pour certains timbres de plantes
carnivores![]() ![]() |
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Avant d'aborder les
espèces
illustrées sur timbres, évoquons le caractère particulier de la collection thématique :
que collectionner ?
La philatélie et sa proche parente la marcophilie (collection des marques postales)
regroupe une filiation nombreuse. Je n'aborderai ici que les branches explorées par les P.C.
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Certaines administrations émettent des présentations
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Le timbre peut également se trouver directement imprimé sur l'enveloppe ou la carte
postale. Il s'agit alors d'un "entier postal". Cette présentation essentiellement utilitaire
est aussi vieille que le timbre.
Fabien Zunino m'en a signalé 2 émis par le Canada en 1973 et illustrés de Sarracenia
purpurea.
Un 15 cents sur aérogramme (entier destiné principalement à la poste aérienne sur papier
fin) et un 8 cents sur domestogramme (ce sont les "domestic mail" américains utilisés surtout
pour le trafic intérieur).
Les entiers postaux sont très difficiles à repérer pour une collection thématique. Ils
n'apparaissent en effet que dans les fins de catalogues spécialisés sur un pays ou un petit
groupe de pays.
Il reste sur ce sujet encore beaucoup de découvertes à faire.
Etant peu collectionnés ils apparaissent rarement chez les négociants lorsqu'il s'agit de
timbres étrangers. La meilleure solution passe par les correspondants étrangers qui ont
parfois eux-mêmes bien du mal à se les procurer dans leur propre pays !
Les timbres surchargés augmentent le nombre de timbres à collectionner sans augmenter la
variété des illustrations.
Une impression est faite dans un second temps sur un timbre pour en modifier la valeur,
l'emploi, ou faire part d'un évènement particulier (timbres du Guyana transformés en poste
aérienne, timbre de service, timbre annonce d'évènement particulier et
différentes valeurs complémentaires).
Les timbres utilisés pour de tels usages sont souvent des timbres à faible valeur
faciale ou provenant d'un stock important d'invendus qui peuvent ainsi resservir à
moindre coût.
Les timbres de service sont réservés à l'usage d'administrations bénéficiant de la
franchise postale ou de tarifs préférentiels (Guyana surchargés "OPS").
Dernière catégorie de timbres à illustrer des plantes
carnivores :
les postes aériennes (timbres de St Pierre &
Miquelon, 1er timbre du Laos et celui du Guyana surchargé "air").
Elles n'ont en fait d'aérienne que le nom et la valeur faciale généralement élevée et
sensée correspondre à cet usage.
Ils servent en fait tout aussi bien sur le courrier courant, mais sont toutefois
catalogués dans une rubrique à part dans les catalogues généraux.
Une véritable collection thématique n'est jamais vraiment complète sans la marcophilie.
Celle-ci peut se résumer aux enveloppes du 1er jour d'émission des timbres qui comportent de belles illustrations. Le cachet les oblitérant est en général en rapport avec le sujet du timbre. |
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Le fin du fin est évidemment de trouver des oblitérations plus usuelles annonçant
en général une manifestation quelconque illustrées d'une plante
carnivore.
Inutile de préciser que ce type de document est très difficile à repérer et à se procurer,
sauf lorsque l'on prend les devants lors de manifestations annoncées. J'ai ainsi pu m'adresser
une enveloppe de Panazol (87) oblitérée d'une flamme (oblitération rectangulaire à caractère
informatif) des 6èmes floralies de cette ville illustrée d'une feuille de Droséra.
Enfin certaines administrations postales éditent des documents para philatéliques
apportant un complément d'information sur les sujets illustrés. Ils comprennent en général le
timbre oblitéré du cachet du 1er jour d'émission, voire même pour certains
des impressions directes du timbre dans une autre couleur (document philatélique officiel
de la poste française par exemple).
Venons-en maintenant aux sujets traités.
Seuls 10 des 17
genres
reconnus
carnivores
sont représentés. Encore cette liste vient-elle de s'augmenter de 3
genres
dans les 6 derniers mois. Le grand absent est bien sûr le
genre
Utricularia qui, avec plus de 300
espèces
,
ne bénéficie pas même d'un timbre pour l'illustrer.
On retrouve ainsi par ordre décroissant de représentations différentes les
genres
Nepenthes (16), Sarracenia (6), Pinguicula (3), Drosera (1),
Heliamphora (1), Triphyophyllum (1), Dionaea (1), Aldrovanda (1),
Cephalotus (1), et Darlingtonia (1).
Les Nepenthes et Sarracenies sont évidemment des plantes plus "esthétiques" sur un
petit bout de papier pour un profane ce qui peut expliquer leur cote d'amour auprès des
administrations émettrices.
Les deux plus gros pays émetteurs de timbres illustrés de plantes
carnivores
se détachant asseznettement des autres sont le Guyana (ancienne Guyane britannique)
avec 16 timbres et le Laos avec 7 timbres. Les Seychelles sont également bien placées avec
5 timbres (en y incluant les Zil Eloigné Sesel) eu égard à leur superficie et au faible
nombre d'émissions de ce petit pays ainsi que la Malaisie (4 timbres).
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Le cas du Guyana mérite une petite explication. Il s'agit en fait du même timbre le 1 cent de 1971 illustrant Heliamphora nutans surchargé 15 fois par l'administration postale de ce pays entre 1982 et 1986. Cette pratique a été utilisée couramment par certains pays connaissant une inflation galopante, mais le Guyana n'a même pas cette excuse. Il faut savoir que ce pays est régulièrement classé parmi les pays émettant le plus de timbres dans le monde en dépit d'un trafic postal faible (il s'est même souvent classé 1er allant jusqu'à près de 400 émissions par an; en comparaison la France émet de 50 à 60 timbres annuellement). Ceux-ci sont essentiellement destinés aux collectionneurs. |
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La fidélité de reproduction des plantes illustrées est globalement bonne et plus ou moins précise en fonction du type d'impression retenu. Si certains timbres nous laissent admiratifs dans la qualité de la reproduction (Irlande, Nations-Unies, Nouvelle Calédonie, ...) d'autres nous laissent perplexes devant le sujet illustré qu'il serait bien difficile de reconnaître sans une inscription marginale. |
Qui reconnaîtrait Nepenthes pervillei dans les timbres de Madagascar, Heliamphora nutans dans celui du Guyana ou Aldrovanda dans celui de Roumanie ? D'autres sont affublés de quelques curiosités morphologiques comme la Dionée du Timbre du Laos qui présente très distinctement au moins 17 poils sensitifs dans un seul piège ou les Nepenthes villosa et gracilis de la même série (imprimée à Cuba!) où l'on a du mal à s'imaginer à quoi les urnes sont attachées, en passant par la curieuse fleur de Darlingtonia californica sur le timbre des Nations-Unies (bureau de Genève, celui de New-York illustrant le Cephalotus. Nul n'est prophète en son pays). |
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En définitive comment se procurer ces timbres et à quel prix ?
Avant de commander un timbre il importe de bien l'identifier. C'est le travail des
catalogues de timbres. Le problème c'est qu'il y a pratiquement autant de numérotations
qu'il y a de catalogues !
Disons qu'en matière de philatélie mondiale certaines grandes marques ont su s'imposer :
Scott en Amérique du nord (prix en $ US), Michel en Allemagne (prix en DM) et
Yvert & Tellier en France. Les catalogues thématiques existants font référence en plus
de leur numérotation propre à celle de ces grands catalogues.
Le 2ème rôle des catalogues est d'indiquer la cotation des timbres qu'ils répertorient, et
c'est là que les choses se compliquent. La cotation est basée sur la valeur moyenne des
transactions, comme en bourse. Si cela ne pose pas trop de problème pour les pays
et les thèmes très collectionnés où le nombre des transactions est suffisamment
important pour s'en faire une bonne idée, c'est une toute autre histoire dans les autres
cas de figure c'est à dire dans une majorité de cas !
De surcroît les cotations des catalogues sont relativement figées, dans la mesure où
les éditions pour les pays peu collectionnés dans le monde occidental et l'absence de
véritable marché ailleurs font que les mises à jour sont pluriannuelles, voire même
décennales pour certains catalogues thématiques.
Si l'on ajoute à cela les fluctuations existantes d'un négociant à un autre (promotion,
négociant souhaitant se débarrasser d'une fin de stock ou d'un article difficilement
vendable, etc.) il est possible d'avoir des variations importantes pour un même timbre.
Il convient donc de faire jouer la concurrence dans la mesure où elle est possible, certains
timbres étant parfois difficiles à trouver.
Le tableau récapitulatif ci-après indique des prix de
transactions passées de 1994 à 96 pour l'essentiel et devrait vous guider un peu sur
le prix à mettre pour une série.
Ces prix ne sont donnés qu'à titre purement indicatif et n'ont aucune valeur contractuelle.
Sauf indication contraire, le prix concerne celui de la série complète où se trouve le
timbre.
Concernant le choix des négociants je vous invite à faire jouer la concurrence dans
la mesure du possible comme expliqué plus haut. Les revues philatéliques mensuelles disponibles
chez tous les bons marchands de journaux sont également une source intéressante
de bonnes adresses par le biais des publicités plus ou moins promotionnelles qu'elles
comportent. Ces mêmes journaux sont un bon moyen de se tenir informé des principales
émissions de timbres de par le monde, des cachets illustrés à sortir et un
vecteur non négligeable de relations utiles à travers les petites annonces.
Les catalogues mentionnés dans le tableau sont respectivement : Yvert & Tellier
(France), Michel (Allemagne), Scott (Etats-Unis), Domfil-Flores (Espagne).
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Par ailleurs le timbre-poste n'est pas la seule valeur fiduciaire à avoir utilisé les
plantes
carnivores
en illustration. Fabien Zunino me signale une pièce de monnaie de un cent illustrée de
Sarracenia purpurea à Terre Neuve (Newfoundland) utilisée entre 1938 et 1947,
et il existe également un billet de banque de $20 malais illustré avec Nepenthes
rafflesiana sur un côté (CPN vol.14 pp.34/35).
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