Le genre Heliamphora

(article de Patrick SOUBEN paru dans Dionée 33 en 1995)


SOMMAIRE


Introduction
Origine géographique
Historique - Taxonomie
Le milieu naturel
Description
Culture des HELIAMPHORA
Le compost
L'humidité
Les températures
La lumière
La dormance
La fertilisation
Les maladies
La multiplication d'HELIAMPHORA
Le semis
Le bouturage

L'acquisition en 1989 d'un magnifique plantDico d'Heliamphora minor et les satisfactions qu'il me donna m'incitèrent à poursuivre plus avant l'aventure de la culture d'autres espècesDico de ce genreDico en dépit des difficultés de culture affichées par la bibliographie et surtout de la grande difficulté à se procurer alors d'autres espècesDico. Après 6 saisons de végétation mon intérêt pour ce genreDico n'a fait que croître et m' incite à faire partager ci-après ces quelques éléments d'information glanés ça et là dans la bibliographie et ma bien modeste expérience en la matière.

Origine géographique :

Les HELIAMPHORA sont originaires des hauts plateaux situés au sud du bassin fluvial de l'Orénoque au sud-est du Vénézuéla aux confins de la Colombie du Brésil et du Guyana.



Ces plateaux (mésas) essentiellement composés de grès précambrien se sont progressivement retrouvés coupés du reste du monde à l'ère tertiaire pense t-on sous l'effet d'une érosion hydraulique. Ils présentent des parois abruptes de plusieurs centaines de mètres de haut bordées en contrebas par des résidus de l'érosion et des éboulis. Ces hauts plateaux communément appelés tepuys à l'est et cerros à l'ouest ont une altitude variant pour les plus importants d'entre eux de 1200 m à 3045 m pour le Cerro de la Neblina.

Historique - Taxonomie :

Le mont Roraima (2730 m) est le seul tepuy dont le sommet soit accessible à pied; c'est d'ailleurs sur ce tepuy que fut découvert par Hermann SCHOMBURG en 1839 le premier HELIAMPHORA auquel Georges BENTHAM du jardin botanique de Kew à Londres donera le nom d'Heliamphora nutans (1841). Les difficultés d'accès sont telles qu'il faudra attendre 1928 pour qu'une expédition menée par G. H. TATE sur le mont Duida découvre d'autres espècesDico décrites par H. A. GLEASON (H. tatei macdonaldae et tyleri qui seront regroupées sous une même espèceDico). Par la suite TATE collecta H. minor en 1937 sur l'Auyan Tepuy puis il fallut attendre 1951 pour que Julian STEYERMARK découvre H. heterodoxa sur le Ptari Tepuy puis Bassett MAGUIRE H. ionasii en 1952 sur l'Ilu tepui et H. neblinae en 1953 sur le cerro de la Neblina (ces deux espèces n'étant décrites et nommées qu'en 1978 ! H. neblinae deviendra en 1984 une variétéDico d' H. tatei). De nouvelles formes et variétés sont aujourd'hui encore ramenées d'expéditions lancées dans cette région par les Américains les Vénézuéliens et les Allemands et attendent d'être décrites et nommées.

La taxonomie de ce genreDico a posé et semble toujours poser des difficultés aux botanistes. Ces difficultés semblent liées à la variabilité importante rencontrée au sein de chaque espèceDico du fait de conditions écologiques sensiblement différentes. Ainsi est il rapidement apparu que la taille et la forme des urnes étaient des caractères pouvant prêter à confusion dans la différentiation des espècesDico. Les caractères les plus fiables apparaissent dans la fleur et nécessitent parfois une observation très détaillée au microscope (absence ou présence de pubescence). De surcroît il est quasiment impossible de différencier les espècesDico au stade juvénile.

La difficulté de reconnaissance peut être accrue par le fait que la répartition géographique de certaines espècesDico se recoupe sur quelques tepuys et que les HELIAMPHORA tout comme leurs cousines nord Américaines les Sarracenies s'hybrident naturellement (phénomène observé sur la chaîne du Chimanta tepuy entre H. minor et H. heterodoxa et sur le Tramen tepuy entre H. nutans et H. ionasii).

A cette date le genreDico HELIAMPHORA regroupe donc 5 espècesDico distinctes, 4 variétésDico et au moins 6 formes:

H. nutans
H. minor
H. minor f. laevis
H. ionasii
H. heterodoxa var. heterodoxa
H. heterodoxa var. heterodoxa f. glabella
H. heterodoxa var. exapendiculata
H. heterodoxa var. exapendiculata f. glabella
H. tatei var. tatei
H. tatei var. tatei f. macdonaldae
H. tatei var. tatei f. tyleri
H. tatei var. neblinae
H. tatei var. neblinae f. parva



Le milieu naturel :

Le climat au sommet des tepuys est particulièrement rude : pluies et vents violents très forte nébulosité pouvant alterner avec une violente luminosité amplitude thermique journalière importante; les précipitations annuelles y sont de l'ordre de 2500 m et la température journalière, à peu près stable sur l'année, varie de 1° à 26°C environ, ces derniers chiffres variant avec l'altitude (de légères gelées ont été observées sur les plus hauts tepuys). La nébulosité y est excessivement élevée ne permettant que de rares moments de soleil au petit matin, avant que les nuages orageux montant de la forêt Amazonienne ne viennent noyer les sommets dans un halo de brouillard suivi de fortes pluies. Il arrive toutefois que de courtes périodes sans pluies surviennent (la saison "sèche" s'échelonne de novembre à mars avec un pic en janvier-février) dégageant le sommet des tepuys de leur habituel manteau nuageux. La luminosité y est alors d'une très grande intensité sous l'effet combiné de l'altitude et de la proximité de l'équateur.

Le sommet, qui peut être relativement plat ou présenter des inégalités en fonction des tépuys, est partagé entre des zones de roches nues plus ou moins chaotiques des savanes marécageuses plus ou moins arborées et des zones de tourbièresDico acidesDico (Ph de 3 à 5) dans les dépressions. Le sol existant se compose de matières organiques plus ou moins décomposées et de sable rose issu de l'altération du grès. En dehors des cuvettes la capacité de rétention en eau d'un tel sol est très faible (milieu très drainant). La plupart du temps donc l'alimentation en eau ne peut être assurée que par les pluies quotidiennes.

Ces conditions écologiques particulières et l'absence de relations avec la forêt amazonienne ou les savanes situées au pied des tepuys ont conduit les espècesDico s'y étant maintenues à une adaptation poussée aboutissant à un endémisme (estimé à 75% des espècesDico végétales) que l'on peut qualifier d'insulaire. Le genreDico HELIAMPHORA en fait partie.


En milieu naturel une même espèceDico d'HELIAMPHORA peut atteindre une taille allant du simple au quadruple en fonction du milieu où elle se trouve; ainsi un pied poussant sur un sol suffisamment profond, bien alimenté en eau et abrité du vent et du soleil sera beaucoup plus développé qu'un pied exposé aux intempéries sur un sol plus superficiel et séchant mais qui sera en revanche beaucoup plus coloré. En tout état de cause la croissance des HELIAMPHORA en milieu naturel reste très lente (3 à 4 feuilles par an).

Description :

Les HELIAMPHORA sont des plantes vivacesDico, herbacéesDico terrestres. Elles possèdent un rhizomeDico souterrain d'où partent des feuilles en forme d'urne primitive ayant encore tous les caractères d'une feuille enroulée et soudée. L'urne est légèrement étranglée au 2/3 de sa hauteur avant de s'évaser plus ou moins dans le 1/3 supérieur. La nervure principale de la feuille primitive se prolonge par une cuillère à nectar de couleur rouge sur sa face interne comportant des glandes nectarifères et retombant plus ou moins vers le bas pour protéger ses sécrétions des pluies diluviennes des tepuys. La face ventrale de l'urne porte deux ailes correspondant aux bords de la feuille primitive qui partent de sa base jusqu'à l'échancrure ouvrant sur le péristomeDico qui permet l'écoulement de l'eau de pluie excédentaire chez certaines espècesDico.
Chez
H. tatei et H. heterodoxa les ascidiesDico sont munies d'un petit orifice situé entre les deux ailes au niveau de l'étranglement qui permet de maintenir un niveau d'eau constant dans l'urne et évite que les proies soient enlevées par l'écoulement de l'eau excédentaire. L'urne est striée de nervures qui prennent une belle coloration rouge-violacé lorsque la luminosité est suffisante l'urne pouvant elle-même se pigmenter de rouge sous une forte intensité lumineuse. En ambiance peu lumineuse l'extérieur de l'urne reste vert et son intérieur vert-velouté (lié à la présence d'une pubescence blanchâtre). L'intérieur de l'urne comprend 4 parties : au sommet la cuillère à nectar attire les insectes par sa couleur rouge sur sa face interne et ses glandes à nectar. La partie supérieure de l'ascidieDico comporte de minuscules poils blanchâtres dirigés vers le bas. Cette partie reflète les rayons U.V. auxquels sont sensibles les insectes contrairement à l'extérieur de l'urne qui les absorbe balisant en quelque sorte une piste d'atterrissage pour insectes. Les poils s'allongent au fur et à mesure que l'on s'approche de l'étranglement qui marque la limite avec la zone suivante où se maintient l'eau. Sa partie supérieure est cireuse et dépourvue de poils tandis que sa partie inférieure est munie de longs poils hérissés vers le bas. HELIAMPHORA est dépourvue de glandes digestives. La digestion des proies se fait donc par le biais de bactéries rendant les éléments nutritifs des proies assimilables par la plante à l'instar de sa cousine nord-américaine Darlingtonia californica.

Signalons ici le cas particulier d'H. tatei qui dispose de tiges dendroïdes (tiges rigides ressemblant à des troncs) au sommet desquelles se développent les urnes lui permettant de la sorte d'aller chercher les insectes au-dessus des plantes environnantes en atteignant des hauteurs de 1 50 à 4m.

Selon les espècesDico la taille des urnes adultes varie de 5 à 50 cm les plus petites étant H. minor et H. nutans (5/30cm) les plus grandes H. ionasii et tatei (12/50cm) en passant par H. heterodoxa (12/42cm).

Les longues hampesDico florales prennent naissance à la base des urnes et peuvent porter de 2 à 7 fleurs en forme de tulipe renversée. Une longue bractéeDico prenant parfois la forme d'une urne engaine à la base le pédonculeDico floral. Le périantheDico est composé de 4 à 6 tépales de couleur blanche rose ou verdâtre suivant les espècesDico. Chez certaines espècesDico la couleur des tépales évolue du blanc au blanc-rosé ou au rose en vieillissant.
L'ovaireDico est pubescentDico prolongé par un styleDico et stigmateDico glabreDico. Il est entouré de 7 à 20 étaminesDico dont le nombre et la taille de leurs anthèresDico entrent en compte dans la détermination des espècesDico. L'autofécondation est peu fréquente chez les HELIAMPHORA, les étaminesDico arrivant à maturité après le pistilDico qui n'est alors plus réceptif.

Don Schnell vient d'apporter récemment un nouvel éclairage sur le mode de reproduction et la capacité des Héliamphoras à capturer des proies ("Pollinisation of Heliamphora" et "Heliamphora : the nature of its nurture" (1995) CPN 24 pp23/24 & 4/42).Il s'appuie sur des études réalisées en milieu naturel par Renner sur le Cerro de la Neblina (1985) et quatre botanistes vénézuéliens (Jaffre et al. 1992) qui ont passé 9 ans à étudier les 5 espècesDico d'Heliamphora sur 11 tépuys différents. Ces études ont été omplétées par des examens de laboratoire qui ont permis de mettre en évidence la production d'enzymesDico par H. tatei dans certaines conditions de stations. Les 4 autres espècesDico en sont semble t-il dénuées. Les éléments assimilables par la plante sont alors les produits de la décomposition bactérienne (comme chez Darlingtonia californica et Sarracenia purpurea) et les résidus de la faune et flore commensales habitant les urnes de nombreux plantsDico. La quantité et le type de proies capturées semble varier sensiblement en fonction des conditions écologiques rencontrées sur les divers tépuys certains d'entre eux n'accueillant qu'une flore éparse et basse pauvre en insectes (Roraima Kukenan) tandis que d'autres hébergent une végétation dense d'arbustes et buissons de plusieurs mètres de haut et une vie animale plus active. Les cuillères à nectar y jouent alors pleinement leur rôle et permettent ainsi d'attraper abeilles moustiques et autres diptères (H. tatei) fourmis voire occasionnellement des scarabées et scorpions pour les espècesDico les plus basses. Les abeilles et bourdons semblent jouer un rôle important ans la pollinisation d'H. tatei sur le Cerro de la Neblina.

Culture des HELIAMPHORA :

Je recommande à ceux qui veulent se lancer dans la culture des HELIAMPHORA de commencer par
H. heterodoxa H. nutans et/ou H. minor de culture relativement aisée si l'on respecte les quelques recommandations qui suivent (pour donner un exemple de la vigueur avec laquelle H. heterodoxa peut se développer en culture : parti d'un plantDico disposant de 3 urnes adultes en avril 1992 j'ai pu obtenir ce printemps lors de sa division 14 rosettesDico de 3 à 6 urnes chacune qui vont toutes à merveille). Ces espècesDico sont disponibles sur le marché français ou européen à des prix raisonnables comparativement aux autres espècesDico (les HELIAMPHORA restent malgré tout des espècesDico assez chères à l'achat).

Les HELIAMPHORA développent de longues racines et aiment avoir de la place. Des pots de 20 cm de diamètre sont donc tout à fait indiqués pour des plantsDico adultes.

Le compostDico :

Le compostDico utilisé pour HELIAMPHORA doit avant tout être drainant. A partir de là il existe de nombreuses recettes qui semblent donner satisfaction :
Il existe actuellement un débat sur l'utilisation de la sphaigneDico. Celle-ci est recommandée par certains auteurs (la majorité) qui la préconisent pure ou en mélange avec de la tourbe (1/2-1/2) ou de la perliteDico (1/2-1/2).

Un rempotage annuel est alors nécessaire. D'autres auteurs le proscrivent totalement; ils recommandent alors les mélanges suivants :

La sphaigneDico a l'avantage d'être parfaitement drainante et de maintenir une bonne hygrométrie ambiante. Les auteurs qui l'utilisent obtiennent de très bons résultats dans son emploi ce que je peux confirmer par mon expérience personnelle. Elle présente toutefois aussi quelques inconvénients qu'il importe de connaître pour bien les maîtriser. Il est important de la changer annuellement; il lui arrive en effet de pourrir par le dessous sans que l'on puisse s'en apercevoir la surface restant parfaitement verte. J'en ai fait l'amère expérience en perdant de la sorte un pied de DARLINGTONIA de 7 ans que je n'avais pas cru utile de rempoter depuis 3 ans estimant qu'il avait assez d'espace pour se développer. Lorsque la pourriture a attaqué le rhizomeDico il était alors trop tard. De plus lorsque la sphaigneDico vieillit elle présente une allure brunâtre et perd ses qualités drainantes pouvant entraîner une pourriture des racines. Le troisième inconvénient réside dans la vitesse de croissance de la SphaigneDico; celle-ci tend à recouvrir les jeunes plantsDico qui ne peuvent rivaliser de vitesse ou recouvre complètement le bas des plantsDico adultes limitant le développement des jeunes urnes. Cela peut être corrigé par une taille régulière.

Le rempotage reste une opération délicate pour les HELIAMPHORA. Celles-ci sont en effet très cassantes tant au niveau des urnes que des racines ces dernières l'étant d'autant plus qu'elles sont longues. Les racines seront débarrassées de leur ancien substrat par un bain et replacées délicatement dans leur nouveau pot en tassant le nouveau substrat légèrement au fur et à mesure. La plante sera ensuite bassinée pour permettre au nouveau substrat de bien se mettre en place.

L'humidité :

Comme pour la majeure partie des plantes carnivoresDico il est nécessaire d'utiliser de l'eau déminéralisée ou de l'eau de pluie de bonne qualité (se méfier de l'eau de pluie récoltée après une période de temps sec ou stockée dans des réservoirs en ciment ou métalliques). De nombreux auteurs déconseillent de maintenir les pots dans l'eau stagnante et recommandent des bassinages journaliers en arrosant la plante par le dessus et en veillant à ce que les urnes contiennent toujours de l'eau. D'autres auteurs et moi-même laissons les pots continuellement dans 1 à 2 cm d'eau tout en maintenant une brumisation journalière voire un bassinage de temps à autre. Je draine toujours le fond des pots de 1 à 2 cm de gravillons de quartzite. L'hygrométrie ambiante est aussi très importante; pour ce faire il est nécessaire de cultiver les HELIAMPHORA en serre ou en terrarium. Pour permettre une bonne hygrométrie en terrarium il suffit de déposer sur le fond un lit de gravier de quartzite ou tout autre matériau neutre ou roche acideDico et d'y ajouter de l'eau affleurant la surface de ce lit les pots reposant directement sur ce gravier. D'autres utilisent le système à NEPENTHES en installant une grille au-dessus de l'eau de telle sorte que le fond des pots ne soit pas en contact avec l'eau. J'ai cultivé H. minor (plantDico adulte) pendant deux ans en appartement sur une simple soucoupe l'hiver et en extérieur à la belle saison. La croissance était normale mais j'obtenais des urnes déformées très évasées dans le haut et très étroites à la base sans cuillère à nectar.

Les températures :

C'est là que réside une des clés de la réussite. Comme on a pu le voir plus haut les températures journalières oscillent entre 1° et 26°C. Sauf équipement particulier cette amplitude est quasiment impossible à obtenir en culture. Le point important est la fraîcheur la majeure partie des HELIAMPHORA poussant autour de 2000 m d'altitude. Pour les serres il convient donc de les ombrer lorsque les températures avoisinent les 28°C et de brumiser plus fréquemment les plantsDico. La serre pourra utilement être ouverte la nuit si cela peut procurer un peu de fraîcheur en permettant de la sorte de recréer cette alternance de température jour-nuit. En hiver il est tout de même déconseillé de descendre au-dessous de 4°C même si un plantDico adulte bien établi peut résister sans trop de dommages à de légères gelées. Les plantsDico résisteront d'autant mieux aux basses températures nocturnes que les températures diurnes seront élevées. En ce qui concerne la culture en terrarium l'alternance de température peut être facilement acquise en le plaçant dans une pièce non chauffée et en évitant que le soleil ne donne directement dessus la température intérieure s'élevant alors très vite. La température diurne plus élevée est entretenue par la chaleur dégagée par les néons qui s'éteignant la nuit la font retomber le tout couplé avec la variation thermique extérieure qui influe indirectement sur toute pièce non chauffée. Pour l'hiver un petit chauffage d'appoint de type résistance pour vivarium (penser à adapter la puissance avec la taille du terrarium) peut s'avérer utile en phase diurne pour maintenir ces températures à un niveau plus élevé. J'ai ainsi placé mon terrarium dans mon garage attenant à la maison. Contrairement aux autres plantes carnivoresDico c'est l'été qui constitue la période critique les températures oscillant entre 20 et 28°C au maximum entre jour et nuit. D'après certains auteurs une température stable sur l'année oscillant de 12 à 24°C serait parfaite.

La lumière :

Contrairement à ce que l'on pourrait penser en se référant aux conditions du milieu naturel baigné par les nuages les HELIAMPHORA requièrent une forte luminosité pour donner de beaux plantsDico bien colorés. L'idéal reste l'exposition au soleil mais cela est bien difficile sous nos latitudes sans faire augmenter dangereusement la température régnant dans la serre ou le terrarium. La chose n'est guère possible qu'à certaines heures matinales ou vespérales de la journée ou en hiver lorsque le soleil se fait rasant.
Il est donc conseillé dans tous les autres cas de recourir à un éclairage d'appoint conséquent. J'utilise à cette fin quatre tubes grow-lux placés entre 15 et 25 cm des plantsDico suivant la taille de ces derniers après avoir fonctionné pendant 2 ans avec 2 tubes uniquement qui suffisent à leur développement mais ne permettent qu'une légère pigmentation rouge des cuillères à nectar et de la nervure principale y menant. La photopériode conseillée s'échelonne de 14 à 16 heures par jour en l'absence d'apport extérieur de lumière naturelle (auquel cas la durée de photopériode pourra être abaissée). Attention à la durée de vie des tubes grow-lux : leur spectre lumineux s'altère sensiblement après 2500 à 3000 heures de fonctionnement.

La dormance :

Les HELIAMPHORA n'ont pas d'époque de dormance véritable. La croissance est ralentie toutefois en hiver et il est déconseillé de laisser les hampesDico florales apparaissant à cette époque se développer celles-ci pouvant épuiser la plante.

La fertilisation :

Les HELIAMPHORA vivent sur des substrats très pauvres et n'attrapent que très peu d'insectes tant en milieu naturel qu'en serre semble-t-il ce qui a d'ailleurs fait douter un temps de leurs capacités carnivoresDico : ni HOOKER (compréhensive review of the carnivores-1875) ni CURTIS (botanical magazine-1890) ne mentionnent le genreDico comme carnivoreDico bien que découvert depuis 1839 et introduit avec succès en culture en 1881 par David BURKE pour le compte de la célèbre pépinière anglaise VEITCH. Il fallut attendre la publication du Dr J. M. MACFARLANE pour que le genreDico soit effectivement associé aux plantes carnivoresDico à urnes (Observation on pitchered insectivorous plants-1889 & 1893). Plus récemment C. CLAYTON va même jusqu'à se demander si le genreDico ne serait pas plutôt consommateur des poussières riches en minéraux précipitées par les pluies équatoriales en se basant sur l'observation des boues trouvées au fond des urnes d'HELIAMPHORA. Il étaye sa démonstration en rappelant qu'une urne d'H. ionasii filtre au bas mot 200 litres d'eau de pluie pendant sa vie. Toutefois certains auteurs recommandent l'usage d'engrais foliaires du type de ceux utilisés pour les NEPENTHES. Ils permettent d'obtenir une croissance plus soutenue et des urnes mieux formées.

Les maladies :

Les seuls parasites connus sur HELIAMPHORA sont les pucerons les cochenillesDico et le botrytis. Ce dernier peut être évité en maintenant une aération suffisante sur la culture et en prélevant systématiquement les parties mortes. J'ai combattu très efficacement le puceron avec un insecticide à base de Deltaméthrine. Les cochenillesDico peuvent être combattues avec des produits à base de Malathion. Il est absolument déconseillé d'utiliser des insecticides ou fongicidesDico à base de cuivre.


La multiplication d'HELIAMPHORA :

Le semis :

La multiplication par semis semble une opération délicate tant au niveau de la fécondation que de la croissance des plantulesDico parmi lesquelles le taux de mortalité est souvent élevé. Comme indiqué plus haut il est nécessaire de pratiquer la pollinisation croisée pour obtenir quelques chances de succès. Le stigmateDico arrive à maturité dès l'ouverture de la fleur et ne le reste que peu de jours suite à quoi il n'est plus réceptif au pollen de la fleur qui arrive à son tour à maturité. Il importe donc de collecter du pollen sur une autre fleur et de le transférer sur le stigmateDico d'une fleur venant juste de s'ouvrir. Certains auteurs ont ainsi pu aboutir à la création d'hybridesDico horticoles entre H. minor VH. heterodoxa H. nutans et même pour l'un d'entre eux avec H. ionasii. Les semis sont réalisés sur tourbe ou sphagnumDico haché ce dernier milieu ayant l'inconvénient de recouvrir rapidement les jeunes plantulesDico qu'il convient alors de repiquer. Celles-ci sont maintenues à plus de 20°C en lumière tamisée et lèvent sous 6 semaines environ. Il est même rapporté que des graines continuaient de germer 9 mois après leur semis. Les plantulesDico sont extrêmement délicates et le repiquageDico doit être très méticuleux. Il arrive malgré tout que la mortalité soit importante la croissance des plantulesDico restant de toute manière très lente.

Le bouturage :

Le bouturage reste encore aujourd'hui la méthode la plus sûre de multiplier les HELIAMPHORA abstraction faite de la micro propagation in vitro que certains auteurs commencent à bien maîtriser mais qui reste l'apanage d'une "élite".

Cette opération peut se pratiquer dès que les signes d'une reprise de végétation soient apparus au printemps. La plante à diviser doit être suffisamment développée pour ne pas l'affaiblir. Elle est délicatement sortie de son pot à l'occasion du rempotage par exemple et sa partie souterraine lavée dans l'eau. Le rhizomeDico sera sectionné de manière nette par un outil coupant et devra comporter au moins 3 à 5 urnes.

COTTER mentionne le bouturage d'un fragment de rhizomeDico dénué de feuilles; celui-ci reprit au bout de 6 mois. La boutureDico de feuille est également possible mais apparaît plus aléatoire en fonction des espècesDico. Elle donne de bons résultats avec H. heterodoxa et H. minor au moins. Lors du rempotage de printemps l'urne doit être délicatement prélevée du rhizomeDico en s'assurant qu'elle s'enlève bien au ras du rhizomeDico. Elle est ensuite conduite à plus de 20°C en lumière tamisée avec une forte hygrométrie dans un milieu drainant de type SphaigneDico. Le Dr DEGREEF mentionne également une tentative de bouturage d'une bractéeDico ayant les caractères d'une feuille.



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